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THEOCRITE.

A M. A. CHASSANG.

Le poëte de Syracuse, en dépit de l’éloignement et malgré les apparences, est presque un contemporain pour nous. Car il est vrai de dire que Théocrite a été seulement connu, seulement admiré de nos jours, ensuite qu’il se rapproche plus que tout autre ancien de nos poètes modernes, autant par ses qualités que par ses défauts. Remarquons d’abord combien la renommée de Théocrite a été lente à se dégager des préventions, des appréciations hostiles ou fausses. Sans doute Virgile imita le Syracusain, mais l’antiquité latine ne le goûta que médiocrement. Chez nous le XVIIe siècle se représenta Théocrite comme un berger de cabinet h la grâce cérémonieuse, à la naïveté solennelle et calculée. Telle est l’erreur de Boileau. LeXVIIIe siècle soupçonna la hardiesse de ce poëte en ne manquant pas de s’en effrayer. M. de la Harpe, ce détracteur systématique, des anciens, lui reproche la trivialité et la monotonie. C’est seulement d’hier que dans la critique