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l’expérience, aussi sûres qu’elles sont hardies, vraiment classiques. Ne marchandons pas notre reconnais sance à celui qui a fait triompher ces excellents principes d’un art affranchi mais régulier, et qui a été en quelque sorte le législateur de la liberté littéraire !

VI

Nous avons voulu mettre en lumière la sagesse, l’admirable vérité de ces préceptes, pour aborder plus librement la seule idée fondamentale de cette esthétique qu’il nous reste à examiner. Quel est’le but de l’art ? Le Beau, dit Platon dans ses théories : voyez le Gorgias et ÏHippias. Dans la pratique il dira le Vrai : voyez la République, où il soumet le poëte à des exigences sociales et politiques, où il l’asservit à la nécessité d’un enseignement. Victor Hugo est. trop platonicien à notre goût. Il voudrait concilier ces deux termes, enseignement et inspiration. Il s’est dit depuis longtemps que le poëte « avait charge d’âmes », et qu’il remplissait « une mission ». Ce n’était rien moins que réclamer pour le poëte le rôle antique des Orphée et des Musée, si bien défini par Horace. Concevoir cette ambition, c’était bien ; la réaliser, c’était plus di ficile. Jusqu’à quel point Victor Hugo l’a-t-il justifiée ?

Il est malaisé de s’étendre sur ce sujet. Mais, sans