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n’attend plus que sa formule ; son développement nous est connu, grâce à des observations partielles et successives dont nous profiterons dans cette rapide étude. Ainsi les travaux de M. Philarète Chasles nous ont enseigné le véritable rôle des hétaïres ; les courtisanes grecques nous ont été révélées par M. Deschanel ; nous avons sous les yeux deux livres d’une intention presque identique qui nous font suivre l’amour dans la littérature des anciens : le précis substantiel, mais un peu froid, de M. Victor Chauvin, et l’utile et remarquable ouvrage de M. Chassang. Nous avons lu aussi avec fruit la compilation recommandable de M. Martin : nous prendrons surtout comme point de répère dans nos recherches le long essai publié par M. CénacMoncaut sous le titre d’Histoire de Vamour dans Vantiquité.

I

Remontons, avec M Cénac-Moncaut, aux origines de l’amour. La Judée, la Grèce, Rome, telles sont les stations de ce pèlerin. Au bout de chaque étape il y a un progrès. On croit généralement l’amour, chez les Hébreux, supérieur à ce qu’il fut chez les Grecs ; chez les Romains, on ne veut voir que l’immense orgie impériale et l’excès de jouissance concordant avec l’excès de despotisme. Que de préjugés sur l’antiquité ! que d’erreurs s’infiltrent en nous par la première éducation !