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énergie de la forme ou par sa svelte et fine élégance.

Le Juvénal a eu un succès durable. Le Térence n’est que d’hier ; le même succès l’attend, selon nous. Avant de porter notre attention sur un point où le talent de M. deBelloy ne sera pas mis enjeu, nous ne saurions trop insister sur la perfection de son travail. Ce TJrence qui nous revient est bien celui qu’ont fêté les Scipions, ces premiers arbitres des élégances latines, celui chez qui le dix-septième siècle se plut à chercher le pressentiment de sa galanterie et de son urbanité. C’est dans le dialogue la même rapidité, dans le style la même pureté, la même simplicité exquise. Cette traduction, par un rare privilége, remplacerait le texte. Elle est vivante, tant elle est fidèle. Jamais de vers parasites, de sacrifices à la rime, d’anachronismes. C’est une merveille d’exécution à laquelle concourent toutes les qualités poétiques de l’auteur de la MaVaria et des Légendes fleuries. Au reste, M. de Belloy a trouvé aisément et de premier jet la langue qui convenait à ce travail. Il n’a fait qu’employer celle dont il s’était servi pour ses œuvres antérieures, une langue qui, sans prétentions archaïques, est moins moderne que celle de nos lyriques contemporains ; car, tout en adoptant la prosodie renouvelée, elle a dans ses allures conservé beaucoup du laisser aller, voire même de l’aimable négligence de Voltaire et de La Fontaine. Ce mélange de la facilité courante de l’ancienne poésie avec la fantaisie romantique a fait l’originalité des poëmes et des comédies de M. de Belloy, originalité