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Le vainqueur, au 15 janvier, a douté lui-même cruellement du caractère définitif de sa victoire. Il n’a pas manqué de gens, depuis lors, pour dire : C’était impossible ! Qu’en savent-ils ? C’est pécher à la fois contre le patriotisme, contre la France et contre les lois constitutives du raisonnement. Cette assertion outrageante n’a pas de base positive. Les histoires anciennes et modernes montrent des exemples de peuples qui, dans une situation non moins désespérée, ont repris le dessus et écrasé leur ennemi pour des siècles. Ces exemples n’autorisent pas à dire que nous eussions vaincu en continuant la guerre quand même avec Gambetta, mais ils suffiront pour tenir toujours en suspens l’opinion du monde.

Or c’est de la solution de cette question fondamentale que dépend le jugement à porter sur la conduite tenue par M. Gambetta du 2 au 5 février 1871, et comme il sera éternellement douteux si la France ne pouvait pas se tirer de l’abîme, il sera toujours incertain si M. Gambetta eut tort ou raison de céder.

Légalement il pouvait faire ce qu’il voulait. Le gouvernement qui venait de capituler dans Paris ne représentait plus le droit national. Le