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dictature. Il est facile de dire que M. Gambetta ne pouvait conserver le pouvoir que par la guerre, il est encore plus certain que M. Thiers ne pouvait arriver au pouvoir que par la paix. On a fait un crime à M. Gambetta d’avoir voulu pousser la guerre à outrance, alors que le pays était épuisé : on ne manquerait pas d’arguments pour lui reprocher d’avoir cédé trop vite à la volonté du gouvernement de Paris, alors que la France était encore libre et sous les armes. On a prétendu qu’il voulait audacieusement se maintenir : on pourrait prétendre qu’il a eu aussi son moment de faiblesse, à cette heure décisive, seul contre tous ses collègues ; et, au nom de la patrie, on l’accuserait de n’avoir pas su, d’un acte de volonté assez énergique, d’un coup réel de dictature, enlever la situation.

La situation pouvait-elle encore être enlevée ? Qui le dira ? qui le niera ? — La France, après la chute de Paris, pouvait-elle encore être rétablie contre les coups redoublés de la fortune et remise en son intégrité par la concentration de toutes ses forces départementales ? L’affirmation nous est certainement défendue : le doute est permis, le doute seul est ici légitime.