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l’ignorait. Cette ignorance était partout, et par conséquent aussi partout se propageait une autonomie pleine d’effervescence. Toutes les provinces, toutes les communes du midi flottaient au milieu d’un chaos océanique, se cherchant entre elles dans cette nuit tumultueuse et s’efforçant de se rapprocher, de s’accrocher les unes aux autres, de former un agrégat nouveau, capable de surmonter le déchaînement de la tempête.

Le comité central de Lyon avait réuni tous les pouvoirs et n’entendait pas s’en départir entre les mains du premier venu qui se présenterait. M. Challemel-Lacour se vit dans un isolement à glacer le cœur des plus intrépides. Ni troupes, ni police, ni administration organisée : il était un étranger, bien plus, un prisonnier dans sa préfecture. L’hostilité des militaires et la défiance de la population l’enveloppaient, le cernaient de toutes parts. Pour élargir ce cercle de fer qui l’étreignait, recule peu à peu les limites de son champ d’action, pour rétablir sur le terrain reconquis l’autorité des lois et de la France, il n’avait rien, rien que deux choses : le nom de la France, il est vrai, et ses propres facultés de persuasion, cette