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le livre de désir

Je perçus une sorte d’ironie : « Un jour, lui repartis-je, dans cet Orient dont vous aimez les lointains, une inconnue, la Belle Marie donna à des Grecs de l’Athos un grain de l’encens que les Mages offrirent au Bambino. Les moines l’ont serti d’un filigrane d’argent, et l’adorent. Autour de lui, ils oublient le monde, leur mère et jusqu’au ciel. Préférez-vous donc ces psalmodies ? »

« Je ne veux pas, m’a-t-il répondu, de votre talisman. Le rêve qu’il procure est monotone. Mais, plutôt que la joie bruyante, j’admets la patience, le silence. L’homme joyeux parcourt la route, entraîné par des chansons. Il n’entend rien au mystère des nuits, et ne se réserve pas une part de soi-même… Dans les cellules, derrière nous, ne passent jamais que les cortèges plus apaisés des dieux. »