Page:Delthil - Angélique, 1869.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 6 —


Vous, qui devant un frais et calme paysage,
Sous la verte saulaie, au bord des clairs ruisseaux,
Le front enguirlandé d’un verdoyant feuillage,
Dansiez joyeusement au son des gais pipeaux ?

Et vous, blanches beautés, qu’êtes-vous devenues ?
Juliette, Ophélie, Héloïse, fronts purs
Qu’embellirent jadis les grâces ingénues ;
Vos époux n’étaient point des personnages mûrs

Et graves, des agents de change ou des notaires,
Mais de galants seigneurs tout prêts à vous charmer,
Des rêveurs doux et fiers, des âmes peu vulgaires,
Qui croyaient à l’Amour et qui savaient aimer.




Angèle est maintenant Madame la baronne,
Elle habite un hôtel dans le quartier d’Antin.
Dans les raoûts et les bals, l’hiver elle rayonne ;
Elle s’épanouit à Bade, au mois de juin.

C’est la reine du jour ! Libre dans ses caprices,
Prodiguant les trésors de sa jeune beauté,
Elle boit longuement les perfides délices,
Que verse en souriant la folle vanité.