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n’avait pas encore atteint le degré de prospérité qui vient d’être constaté, la marine marchande de France employait annuellement à ses chargements dans les possessions françaises d’Amérique 562 navires de fort tonnage, et en tirait une importation générale de 126,378,155 livres, 18 sous, 8 deniers. De ces 562 navires, 353 chargeaient dans les seuls ports de SaintDomingue ; et dans cette valeur totale d’importation de produits coloniaux dans la métropole, les trois autres colonies qui y contribuaient ne figuraient ensemble que pour une faible partie, pas même pour un tiers : la Martinique, pour 18,975,974 livres, 1 sou, 10 deniers ; la Guadeloupe, pour 12,751,404 livres, 16 sous, 10 de­ niers ; et Cayenne, pour 488,598 livres, 3 sous, 3 de­ niers .

Saint-Domingue à elle seule donnait donc à la France, outre ce qu’elle gardait pour son commerce intercolo­ nial, les neuf douzièmes de cette prospérité d’outre-mer dans le nouveau monde, qu’on lui enviait au siècle dernier.

Les richesses étonnantes de cette terre de Saint-Do­ mingue étaient produites par 792 sucreries, 2,587 indiJ* goteries, par des plantations comprenant ensemble 24,018,336 cotonniers, 197,303,365 cafiers, 2,757,691 pieds de cacao ; et le capital de ces établissements s’éle­ vait à une valeur de 1,487,840,000 francs. Outre ces industries agricoles et ces cultures destinées au commerce, la colonie avait en même temps, pour son alimentation ou pour son trafic avec les îles voisines,