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LES DEUX FRATERNITÉS

livide. Et, se penchant, elle appuya ses lèvres sur une des mains de Cyprien.

Il tressaillit et ouvrit les yeux. Une joie inexprimable passa dans son regard et sa voix faible murmura :

— Oh ! c’est toi, Micheline !

— Oui, c’est moi, mon Cyprien. Oh ! comme j’avais raison ce matin ! Mais tu vas guérir vite, tu reviendras bientôt avec nous.

— Non, c’est fini, vois-tu. Il vaut mieux envisager la chose courageusement. J’ai demandé l’aumônier, il va venir dans un moment…

— Cyprien !… Oh ! Cyprien ! murmura-t-elle dans un sanglot.

Une crispation de douleur passa sur le visage de l’ouvrier.

— Sois forte, ma chérie. Vois-tu, je suis bien heureux, puisque, je meurs en chrétien. Ceux qu’il faut plaindre, ce sont les malheureux égarés par ces misérables et révoltés contre Dieu. Tu feras de nos enfants de bons chrétiens et de bons Français, tu les élèveras dans le respect de l’autorité, tant que celle-ci est juste et ne blesse pas les droits de la conscience. Mets-leur dans le cœur l’horreur des doctrines nouvelles, répète-leur que ce sont elles qui ont causé la mort de leur père. Je pardonne à ceux qui m’ont frappé, à ceux, bien plus coupables, qui les ont excités… à Prosper, l’un d’eux. J’aurais aimé à voir M. de Mollens, mais je pense qu’il n’arriverait pas à temps. Tu lui diras comme je l’ai aimé,