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LES DEUX FRATERNITÉS

disposition, le député s’étant rendu démocratiquement à pied jusqu’à la salle de conférences. Assis près de la cheminée où flambait un feu clair, la jeune femme, en coquette toilette d’intérieur, commençait la lecture d’un roman dont ses amies lui avaient dit merveille.

La porte s’ouvrit tout à coup sous une main brusque. Prosper entra, les sourcils froncés, l’air sombre.

— Tiens, te voilà ! dit Zélie. Tu n’as pas une mine triomphante. Ça n’a pas bien marché ? Il lança son chapeau au hasard et se laissa tomber dans un fauteuil qui craqua douloureusement.

— Bien marché !… C’est-à-dire que, sans ma présence d’esprit, j’avais des ennuis gros comme moi ! Figure-toi qu’il y avait là Cyprien Mariey avec cet aristo dont il est l’âme damnée, le marquis de Mollens.

— Ah bien ! c’était du joli ! s’exclama Zélie en laissant glisser son livre à terre.

— Près d’eux, j’ai cru reconnaître des figures d’autrefois, des copains de notre quartier. On avait manigancé quelque chose contre moi, pour me faire du tort. Heureusement, j’ai pu arranger l’affaire ; je les ai empêchés de parler, selon un petit système qui réussit toujours très bien. Finalement, mes braves auditeurs ont fait tant de chahut que le Mollens et ses acolytes ont été obligés de quitter la salle. N’empêche que ma conférence a été troublée et qu’elle n’a pas