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LES DEUX FRATERNITÉS

autres chrétiens. Connaître ce qui sauverait ces âmes et ne pouvoir si souvent les atteindre !

Le doux et profond regard de Micheline enveloppa la jeune femme et son mari !

— Dieu permet que nous leur fassions parfois un peu de bien… Et s’il y avait en France encore plus d’âmes comme la nôtre, madame, et comme celle de M. le marquis, les désespérés et les révoltés seraient peut-être moins nombreux. Quand les jeunes époux se furent éloignés, Mme de Mollens dit pensivement en venant s’asseoir près de son mari :

— Comme cette Micheline me plaît ! Elle est réellement distinguée, cette jeune ouvrière, et quelle belle petite nature, pleine d’élévation, de délicatesse ! As-tu remarqué comme elle sait se tenir avec une charmante dignité ? Elle n’avait réellement pas l’air plus gêné ici que dans sa pauvre mansarde !

— Cela est la marque d’une nature très affinée moralement… Et elle a raison, c’est nous qui devons donner l’exemple ; c’est nous, chrétiens, élevés au-dessus de nos frères par notre position et notre fortune, qui aurons à répondre, au grand jour des justices, à la question du Maître : « Et vous, qu’avez-vous fait pour ces humbles, pour ces petits chers à mon cœur ? »