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LES DEUX FRATERNITÉS

— Mes compliments ! Elle est charmante, et son air modeste et sérieux m’a aussitôt frappé. Alors, nous aurons bientôt un mariage ?

— Je ne lui ai pas encore parlé, monsieur. Figurez-vous que je n’ose pas !… J’ai peur d’un refus… et alors, ça me ferait tant de peine…

— Pensez-vous vraiment qu’elle n’accepterait pas un brave garçon comme vous, bon chrétien, excellent ouvrier ?

Cyprien rougit de nouveau jusqu’aux oreilles.

— Je ne sais pas… C’est sûr que j’aurais dû lui parler déjà… Peut-être bien que je ne lui déplais pas trop…

— Voyons, mon cher ami, si nous combinions quelque chose ? Ma femme acceptera certainement de servir d’intermédiaire entre Mlle Micheline et vous, elle arrangera très vite l’affaire et vous saurez à quoi vous en tenir.

— Oh ! monsieur le marquis, quelle bonté ! dit Cyprien avec émotion. Je ne refuse pas, bien sûr ! Mme de Mollens saura lui tourner ça comme il faut, lui dire que… enfin, que je pense tout le temps à elle, que je travaillerai ferme pour lui faire la vie douce, à elle et à sa mère… car il faut bien lui dire que je prends aussi la charge de sa mère, monsieur le marquis ?

— Oui, oui, mon ami, ma femme saura lui montrer quel cœur d’or vous êtes. Allons, au revoir, et à dimanche, n’est-ce pas ? Nous aurons une fort amusante conférence d’un de mes jeunes ouvriers, et notre bon abbé prépare