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LES DEUX FRATERNITÉS

— Vous êtes bien les neveux de Jean-Martin Louviers ?

— Oui, monsieur, déclara Prosper. Jean-Martin était le frère cadet de mon père. Comme ses parents l’accablaient de mauvais traitements, il obtint d’eux, vers ses dix-huit ans, la permission de partir avec un autre ouvrier plus âgé pour l’Amérique du Sud. Pendant quelque temps, il donna de ses nouvelles, puis on n’en entendit plus parler. Mes grands-parents ne s’en inquiétèrent pas, ils n’aimaient que mon père, et celui-ci n’avait aucune affection pour son cadet.

— Alors, vous ne savez pas du tout ce qu’est devenu votre oncle ?

— Absolument pas, monsieur. Est-ce que… vous en auriez entendu parler ?

Au lieu de répondre directement, le notaire demanda :

— Je serais désireux de voir les pièces d’identité que vous avez dû m’apporter.

Il lut soigneusement les papiers remis par Prosper, feuilleta de nouveau le dossier ouvert devant lui et dit enfin :

— Oui, vous êtes bien les neveux de Jean-Martin… Par conséquent, ses seuls héritiers.

Ils eurent tous deux un tressaillement.

— Ah ! l’oncle est mort ? dit Prosper, dont les pommettes s’empourprèrent.

— Oui, il y a plusieurs mois, à Buenos Aires. Comme il ne laissait pas de testament, il a fallu faire des recherches. Un confrère de là-bas m’en a chargé et j’ai pu découvrir votre existence.