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LES DEUX FRATERNITÉS

la religion. On n’est pas libre de faire ce qu’on veut.

— Oui, mais quelle paix on possède au moment de la mort !

— Bah ! il n’y a que le néant ! murmura Prosper.

Mais une ombre de terreur avait passé sur son regard.

Micheline se mit à prier avec ardeur. L’instant fatal approchait à grands pas.

Il se souleva tout à coup en murmurant avec effroi :

— J’ai peur ! Tout est noir autour de moi !

Elle se pencha vers lui et lui prit la main.

— Voulez-vous être rassuré ? Voulez-vous que j’aille chercher un prêtre ?

— Un prêtre ! Non, non !

La porte s’ouvrit, laissant apparaître Jules Morand et un autre personnage plus petit, très maigre, au nez magistral et à la longue barbe grise. Ils s’arrêtèrent un instant, surpris, à la vue de Micheline.

— Je suis la veuve d’un parent de M. Louviers, dit-elle avec une froide dignité.

— Ah ! très bien, madame ! dit le gros Jules. La mère de l’ex-Claudine, n’est-ce pas ? Une drôle d’histoire que celle de cette enfant découverte sur une route par Prosper, et qui se trouve être un peu sa parente !

La voix forte de Morand résonnait dans la chambre, sans souci de troubler le malheureux qui se mourait là.