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LES DEUX FRATERNITÉS

dine. J’ai aussi quelque chose à te demander, Claudine.

Sa main, lâchant celle de Micheline, saisissait celle de Suzanne.

— Tu as été dure pour mon pauvre Alexis, mais enfin, j’ai été moi-même trop sévère envers toi. Il va rester seul, mon pauvre enfant. Claudine, ne voudras-tu pas l’aider à passer ces terribles moments ? Accepterez-vous, toutes deux, vous qui êtes un peu ses parentes, de tenter de ramener en lui le goût de la vie ? La pensée de le laisser seul, abandonné à des mercenaires, est ma torture. À vous seules, je le confierais sans crainte.

La mère et la fille se regardèrent, et Micheline dit doucement :

— Oui, nous n’abandonnerons pas le pauvre enfant, je vous le promets.

— Et vous ne lui direz pas ce que j’ai fait ? Il croit qu’un hasard m’a fait recueillir votre fille sur la route, là-bas, et que vous n’avez à me reprocher que d’avoir préparé la grève dont fut victime Cyprien.

— Non, je ne dirai rien, murmura Micheline. Pauvre enfant ! Il est bien inutile, en effet, de lui apprendre tout cela.

— Merci, Micheline. Mais si Claudine voulait, si elle acceptait de devenir sa femme… Il sera très riche, il hérite de sa tante.

Suzanne recula avec un mouvement de protestation indignée.