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LES DEUX FRATERNITÉS

Il passa la main sur son front et reprit d’une voix altérée :

— Il vous attend. Allez vite, les heures sont comptées pour lui.

Micheline et Suzanne entrèrent dans la pièce voisine. Le député était étendu sur son lit, la tête enveloppée de bandages. La garde, assise près de lui, se leva à l’entrée des deux femmes en demandant à voix basse :

— Est-ce vous que M. Louviers a fait demander ?

Au même instant, les paupières closes de Prosper se soulevèrent ; il fit, vers Micheline et Suzanne, un signe d’appel.

— Laissez-nous, dit-il à la garde.

Micheline et la jeune fille s’approchèrent. Il étendit la main et saisit celle de la veuve de Cyprien.

— Écoutez, dit-il d’une voix haletante, je veux que vous sachiez que… que je regrette ce que j’ai fait. Mais vous m’aviez si durement traité ! Je vous haïssais autant que je vous avais aimée.

Il respira avec effort et reprit :

— Dites-moi que vous me pardonnez, dites, Micheline ?

— Oui, je vous pardonne, comme mon Dieu m’en a donné l’exemple, répondit gravement Micheline.

Prosper eut une sorte de rictus.

— Toujours bigote ! Ça doit changer Clau-