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LES DEUX FRATERNITÉS

Mais l’invitation n’avait pas l’empressement ordinaire. Micheline avait un air contraint qui n’échappa pas à la mère ni au fils, non plus que la pénible émotion de Suzanne.

La jeune fille répondit avec effort aux affectueuses questions de Mme de Mollens. Sa souffrance était si visible que la marquise et Henry, refusant de s’asseoir, se retirèrent presque aussitôt.

— Elle paraît encore bien faible, bien impressionnable, la pauvre enfant ! fit observer le lieutenant lorsqu’ils eurent franchi le seuil de l’hôtel de Revals.

— Oui, il lui faudra quelque temps pour se remettre. Mais c’est curieux, Henry, comme notre présence paraît l’avoir bouleversée !

— C’est curieux, maman. Pourtant, elle nous connaît. Elle doit être bonne, elle a paru vraiment affectée quand vous lui avez dit que le fils de Prosper, qui l’a tant fait souffrir, dépérit lentement et se refuse à sortir de sa chambre.

— Si elle tient de sa mère, elle pourra devenir une sainte. Quelle admirable créature que cette Micheline ! Mais je voudrais savoir la cause de l’émotion de cette pauvre petite.

Quelques instants, la marquise suivit d’un œil distrait une petite charrette traînée par une marchande de quatre-saisons. Et, tout à coup, elle se murmura à elle-même :

« Peut-être ai-je deviné. Pauvre enfant ! »

En ce moment même, Suzanne, la tête appuyée sur l’épaule de sa mère, pleurait