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LES DEUX FRATERNITÉS

sainteté même ? Oui, je prie pour le malheureux, mille fois plus à plaindre que je ne l’ai jamais été.

— J’aimerais savoir comment va Alexis, dit pensivement Suzanne. J’ai beaucoup souffert par lui, mais, autrefois, il a été bon pour moi, et je crois qu’au fond il vaut beaucoup mieux que son père. Peut-être ai-je été trop dure pour lui, les derniers temps. Mais je me révoltais devant le dévouement, devant le sacrifice et les humiliations. Il paraît que les chrétiens doivent supporter tout cela.

— Oui, ma chérie ; ils supportent, avec la grâce divine, les pires situations. Chrétienne, tu l’es déjà par le baptême, mais je t’apprendrai à le devenir effectivement.

— Oh ! oui, maman, je vous en prie ! J’ai tant besoin de force, de…

Un coup léger frappé à la porte l’interrompit.

— Entrez, dit Micheline.

La porte s’ouvrit, laissant apparaître Mme de Mollens. Un peu en arrière se profilait une haute silhouette masculine, dont la vue fit tressaillir Micheline.

— Je viens prendre des nouvelles de notre petite malade, dit gracieusement la marquise en faisant quelques pas en avant.

Micheline jeta un coup d’œil vers sa fille. Suzanne était devenue toute blanche, un tremblement agitait ses mains frêles.

— Vous êtes trop bonne, madame la marquise. Entrez donc, monsieur Henry,