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LES DEUX FRATERNITÉS

Mais non, voici qu’elle entendait le ronflement de l’automobile. Elle eut un sursaut d’angoisse et éleva son cœur vers Dieu en une ardente supplication.

Quelques instants plus tard, Prosper entrait, suivi d’un homme d’un certain âge.

— Voilà le docteur Charlier. Il va immédiatement examiner ma pupille.

Malgré l’émotion qui l’étreignait, Micheline nota ce dernier mot. Prosper ne disait plus ma « nièce », comme tout à l’heure.

— Voulez-vous entrer par ici, docteur ? dit-elle en précédant le médecin vers la chambre.

Elle laissa la porte ouverte et Prosper se mit à se promener de long en large dans la petite salle à manger. Son regard, sombre et dur, était sans cesse comme magnétiquement attiré vers deux grandes photographies placées sous un crucifix et représentant Cyprien et Micheline au lendemain de leur mariage.

L’examen se prolongeait ; on n’entendait, dans la pièce voisine, que le bruit de la respiration haletante de la malade et, de temps à autre, la voix brève du docteur adressant une question à Micheline.

Prosper se rapprocha enfin de la porte.

— Eh bien ? interrogea-t-il à voix basse.

— Une minute et je suis à vous, répondit le docteur.

Bientôt, en effet, il apparaissait dans la salle à manger.

— L’état est excessivement grave, monsieur,