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LES DEUX FRATERNITÉS

— Évidemment. Si je le trouve chez lui, je serai ici dans un moment.

Il salua et s’éloigna, sans regarder Micheline.

— C’est ce parent de votre mari dont vous m’aviez parlé ? Louviers, le député socialiste ? interrogea Mme de Revals, aussitôt que la porte se fut refermée sur lui.

— Oui, madame. Vous le connaissez donc ?

— J’ai assisté dernièrement à une séance de la Chambre ; je l’ai vu et entendu. La chose commence à s’éclaircir. Vite, voyons si la petite possède ce signe !

Avec des mouvements très doux qu’on n’aurait guère attendus d’elle, un peu brusque à l’ordinaire, la comtesse aida Micheline, frissonnante d’angoisse, à soulever la jeune fille, que la seule présence de Prosper, le son de sa voix brève semblaient avoir agitée douloureusement.

Les mains tremblantes de Micheline découvrirent le dos de Claudine, la veuve se pencha. Une exclamation de bonheur s’échappa de ses lèvres.

— Oui, le voilà !… Regardez, madame ! Il s’est un peu atténué avec le temps, mais il existe.

— C’est exact. Cette enfant est votre fille, Micheline.

— Ma fille ! ma Suzanne ! balbutia Micheline en appuyant ses lèvres sur la blonde chevelure.

Comme si la malade eût eu conscience de ce baiser maternel, elle murmura :

— Oh ! c’est bon !

Micheline la recouvrit avec des mouvements tendres et doux, puis elle s’agenouilla près du lit