Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
LES DEUX FRATERNITÉS

Claudine demeura quelques instants étourdie, étendue sur le tapis, puis elle se releva péniblement et se laissa tomber dans un fauteuil. Elle venait d’user ses forces pour répondre à Prosper, et de nouveau la prostration la reprenait, plus lourde.

Elle ne pouvait plus penser ; quelques mots seulement de son entretien avec Prosper surgissaient dans son cerveau bourdonnant. Elle renvoya Léonie en disant : « Laissez-moi, je veux être seule », et les heures s’écoulèrent, la laissant dans un complet anéantissement de corps et d’âme.



Minuit, l’obscurité était complète dans la chambre de Claudine, la jeune fille gisait toujours dans son fauteuil…

Mais la fièvre revenait avec violence, elle la brûlait et la glaçait tour à tour, elle surexcitait son cerveau et le peuplait d’images étranges et douloureuses.

De temps à autre, des mots s’échappaient de ses lèvres, tandis qu’elle pressait son front entre ses mains.

— Je veux être heureuse ! Je ne veux plus souffrir… Oh ! la mort, la délivrance !

Une heure… deux heures… trois heures… L’exaltation croissait chez Claudine ; une force factice, produite par la fièvre, la soulevait de son fauteuil.