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LES DEUX FRATERNITÉS

Claudine l’écoutait, les yeux dilatés par la stupeur.

— Sa femme ! Il pensait que je deviendrais sa femme ? balbutia-t-elle enfin.

— N’as-tu pas compris qu’il te le demandait ?

— Mais non, il était question seulement de continuer le rôle que j’ai rempli jusqu’ici près de lui, le rôle de sœur et de garde-malade.

Prosper eut un impatient mouvement d’épaules.

— Sotte ! Les femmes sont d’ordinaire plus perspicaces pour ces sortes de choses. N’as-tu pas compris que mon pauvre fils a la faiblesse de t’aimer comme tu ne mérites certainement pas de l’être, c’est-à-dire au point de préférer la mort volontaire à l’existence privée de toi ?

— Lui… lui ! murmura Claudine. Lui qui m’a tant fait souffrir !

— Parce qu’il est jaloux de tout et de tous. Allons, ne me regarde pas avec ces yeux étranges, tu as l’air d’une hallucinée ! Il s’agit maintenant de réparer le mal que tu as fait. Alexis a refusé de me répéter tes paroles, mais j’ai compris que tu avais été dure et mauvaise à son égard. Cela peut se réparer, heureusement. Tu vas venir avec moi, tu lui diras que tu regrettes, que tu étais malade, énervée, quand tu lui as répondu ; que tu n’as pas compris ce qu’il te demandait, mais que tu l’aimes toujours, que tu veux seulement le voir heureux, et que tu deviendras avec bonheur sa femme quand il le voudra.