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LES DEUX FRATERNITÉS

soupçonné lors de l’événement. J’ai fait faire de discrètes recherches, qui n’ont abouti à rien.

— Pourquoi ce soupçon, mon père ?

— Il avait demandé à Mme Mariey de devenir sa femme, et, comme elle repoussait avec horreur celui qu’elle considérait comme le véritable auteur de la mort de son mari, il lui avait déclaré qu’il la haïssait désormais.

— Ah ! je comprends, alors, que vous ayez songé… En effet, il faudra s’informer. N’est-ce pas que cette jeune fille est bien, maman ?

— Tout à fait charmante. Je le répète, c’est Micheline elle-même, avec moins de calme, moins de sérénité dans le regard. Pauvre enfant ! dans quels principes a-t-elle été élevée !

— Pas dans les nôtres, certainement ! dit Henry en se détournant pour prendre son casque déposé sur une table. Mais ses allures, sa physionomie la différencient complètement de cette espèce de poseuse qu’est, paraît-il, la sœur de Louviers. Allons, je me sauve, mon brave Kadji doit ronger furieusement son mors. Tâchez d’avoir vite vos renseignements, chère maman, car si vraiment vous aviez deviné juste, quel bonheur pour cette sainte Mme Mariey, pour Louis et pour Lucien !

Il se pencha, mit un baiser sur le front de sa mère et s’éloigna, suivi du regard par M. de Mollens.

— Notre Henry ! murmura le marquis. Quelle belle nature, si forte et si tendre à la fois !