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LES DEUX FRATERNITÉS

sommes des antimilitaristes, nous autres ! Ce n’est pas comme Alexis, qui a encore au fond de sa caboche quelques vieilles idées stupides, rapport à la patrie.

— Qu’en sais-tu ?

Alexis était demeuré jusque-là silencieux, son regard brillant d’une colère contenue mais farouche, ne quittant pas la physionomie de Claudine. Il venait de se détourner pour adresser cette brusque question à son cousin.

— Dame, mon vieux, c’est toi qui nous l’as dit un jour ! Tu nous as même raconté que si tu étais bien portant, tu serais un des premiers à courir à la défense de la France menacée, et tu t’es presque fâché avec ton père qui soutenait ses théories.

— J’ai pu avoir ces idées autrefois, mais, aujourd’hui, je me range aux vôtres. Je hais tout ce qui se rattache, de près ou de loin, au militarisme, j’appelle de tous mes vœux le jour où nous aurons anéanti cette plaie qui ronge notre société ! dit Alexis avec une sourde passion.

Un très vif contentement s’exprima sur la physionomie de Prosper.

— À la bonne heure, Alexis ! Cette divergence dans nos idées me peinait, je l’avoue.

— Plus de nuages ! Parfait ! s’exclama Léon. Tout le monde d’accord !… À moins que Claudine n’ait sur le militarisme des opinions particulières ?

La jeune fille était demeurée debout, un peu