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LES DEUX FRATERNITÉS

ler, et les escarmouches entre les deux cousins étaient assez fréquentes.

Mais aujourd’hui, le jeune infirme ne semblait pas d’humeur batailleuse. Tandis que sa tante et son père écoutaient le bavardage de Léon, entrecoupé de gros éclats de rire, lui, demeurait inactif, la physionomie soucieuse.

— Voilà la demie de onze heures ! dit-il tout à coup. Je ne comprends pas que Claudine ne soit pas rentrée.

— Bah ! ne crains rien. Léonie ne la laissera pas enlever ! dit ironiquement Zélie.

— Qui ça, Léonie ? demanda Léon.

— La femme de chambre de Claudine, répondit Prosper.

Léon ouvrit de grands yeux.

— Peste ! rien que ça de luxe !… Vous soignez bien la petite ! C’est un objet rare, paraît-il ?

Déjà, une riposte mordante arrivait sur les lèvres d’Alexis. Mais la porte du salon s’ouvrit tout à coup, Claudine apparut, le teint un peu empourpré, sa main droite soutenant son bras gauche.

— Qu’as-tu ? s’écria Alexis.

— Que t’est-il arrivé ? ajouta Prosper Louviers en se levant.

— Peu de chose, mais j’aurais pu être assommée…

— Assommée ! s’exclama Zélie.

— Tu as été te promener dans les bois, alors ? dit Léon. Raconte un peu.