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LES DEUX FRATERNITÉS

— Tu n’admets pas quoi ?

— Ce divorce. Puisqu’elle avait accepté de devenir sa femme, elle devait remplir son devoir envers lui, au lieu de déserter lâchement !

Morand le regarda d’un air stupéfait.

— Qu’est-ce que tu racontes là ? On croirait entendre un curé, ma parole ! Tu voudrais alors — au nom de qui, de quoi, je me le demande ! — condamner cette pauvre petite au malheur, au sacrifice de toute sa vie ? Mais c’est précisément pour faire tomber, plus facilement qu’on ne l’a pu jusqu’à présent, ces chaînes intolérables, que nous luttons chaque jour ! Alors, comme ça, tu n’es pas partisan du divorce ? Je t’ai cependant entendu vanter un ouvrage qui en est la glorification.

— Oui, c’est vrai ! mais, dans le cas que vous présentez, je le trouve odieux ! dit Alexis avec une sourde violence.

— Odieux… odieux… je ne te comprends pas ! Du moment où le principe est admis, chacun l’applique selon son idée, selon son aspiration. Une fois la voie ouverte, dame, on y va largement ! C’est si facile !

— Trop facile ! dit la voix brève d’Alexis. En y réfléchissant, je trouve que les adversaires du divorce n’ont pas tort en le qualifiant de plaie sociale.

— Ah ! ça, tournerais-tu à l’ennemi ? s’exclama Morand d’un ton mi-stupéfait, mi-irrité. En voilà, des idées d’autrefois ! Un si grand progrès pourtant, ce divorce ! J’imagine que la