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LES DEUX FRATERNITÉS

le perron de la villa, elle avait repris le désir de vivre.

Une femme de chambre d’un certain âge l’accompagnait maintenant dans ses promenades. Comme cette personne était intelligente et réservée, sa compagnie n’était pas pour lui déplaire, elle lui permettait d’échanger quelques réflexions. Cette escorte ne lui épargnait pas cependant les questions d’Alexis, auxquelles elle répondait avec une secrète irritation qui n’échappait pas au jeune homme et amenait une lueur de colère dans son regard.

Fréquemment, Claudine croisait un des membres de la famille de Mollens. La première fois qu’elle rencontra le marquis et sa femme, ceux-ci eurent un mouvement de surprise difficilement réprimé, et, après avoir dépassé la jeune fille, Mme de Mollens dit à son mari :

— Comme cette jeune personne ressemble à Micheline telle que nous l’avons connue jeune fille !

— Oui, cela m’a frappé aussi, dit le marquis. Tu ne sais pas qui elle est ?

— Pas du tout.

Souvent, c’était le lieutenant, presque toujours à cheval, que Claudine croisait ainsi. Si quelqu’un avait regardé alors la jeune fille, on aurait vu son regard mélancolique et un peu las s’éclairer soudain. Et, ces jours-là, elle supportait avec une plus grande indifférence les bourrasques encore assez fréquentes du caractère d’Alexis.