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LES DEUX FRATERNITÉS

d’une voix claire, très nette et extrêmement agréable.

Le député Prosper Louviers était monté la veille à la tribune pour réclamer contre le clergé des mesures d’exception. Il l’avait fait en termes d’une excessive violence, qui avaient soulevé les interruptions indignées de la droite et du centre. Et, en répétant ces phrases où perçait la haine, où s’étalait la plus révoltante injustice, la voix de Claudine faiblissait, semblait hésiter.

Alexis, la tête un peu penchée, écoutait sans qu’aucune impression parût sur sa physionomie impassible. Il dit tout à coup d’un ton satisfait, en interrompant la jeune fille au milieu d’une période :

— À la bonne heure, père les traite comme ils le méritent, ces curés ! Voilà un discours qui est parfait, n’est-il pas vrai, Claudine ?

Un peu d’embarras voila le regard de la jeune fille.

— Je ne sais pas… murmura-t-elle.

— Comment, tu ne sais pas ? fit sèchement Alexis. Que veux-tu dire ?

Un mélange de crainte et d’indécision s’exprimait dans les yeux de Claudine.

— Oui, je ne sais pas si… si ton père n’exagère pas un peu.

Une irritation soudaine enflamma le regard du jeune homme.

— Que signifie ? Tu crois qu’il accuse à tort toute cette prêtraille ?

— Je ne dis pas cela, mais enfin, vois-tu, je ne