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LA PETITE CHANOINESSE

un délicieux mystère que M. de Chancenay, observateur prompt et subtil, amoureux, en outre, avait perçu, lui, dans le regard candide, plein de pensées profondes.

Élys avait un cœur ardent, une imagination vive, et dans la mélancolique solitude où la confinait la volonté de sa grand’tante, elle s’était prise à rêver, parfois sans presque en avoir conscience. De quoi ? À qui ? Rien de précis ne se présentait à son esprit. Elle évoquait le souvenir des châtelaines d’autrefois, qui avaient passé dans Prexeuil tout ou partie de leur existence, et qui avaient été de jeunes épouses, de jeunes mères, souvent heureuses, comme l’attestait le « livre de raison » où elles notaient les événements importants de leur vie. Il y avait de simples petites phrases comme celles-ci :

« Aujourd’hui, anniversaire de notre mariage, nous avons assisté à la sainte Messe pour remercier Dieu de ces dix années de bonheur. »

« Ce mercredi de Pâques, notre fils Jean-Marie-François a été baptisé dans la chapelle de Prexeuil. Merci, Seigneur, pour la belle couronne d’enfants que vous donnez à vos serviteurs ! »

« En ce jour de la fête des apôtres Pierre et Paul a été béni le mariage de notre fille Élys avec Louis-Bénigne de Varzon, marquis de Som-