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LA PETITE CHANOINESSE

Ce ne serait pas le plus difficile de sa tâche. Il savait qu’on ne résistait guère à son charme, Ogier de Chancenay. Et quand il y joindrait l’amour, le vif désir de conquérir, la petite chanoinesse serait vite prise, ensorcelée, pour toujours.

Tandis qu’il arpentait pour la dixième fois le jardin, où commençaient de tomber quelques feuilles jaunies, Ogier prêta l’oreille au son d’une cloche. Les vêpres sonnaient à l’église de Gouxy… Et le jeune homme se rappela tout à coup la visite qu’il avait projeté de faire, hier, au curé, avant son départ. Ceci était d’élémentaire politesse, surtout s’il conservait le Pré-Béni. En outre, ce prêtre pouvait devenir une aide précieuse, au cas où la volonté de la vieille chanoinesse se montrerait absolument intraitable.

M. de Chancenay consulta sa montre… Une heure pour les vêpres, tout au plus… Il se rendrait vers quatre heures au presbytère, après avoir fait un tour dans cette pittoresque campagne dont il appréciait maintenant la forte beauté.

Comme il traversait le vestibule, il croisa Mélite, la jeune cuisinière. C’était une assez jolie fille, brune et mince, qui tenait souvent les yeux baissés. Elle glissa vers son nouveau maître