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LA PETITE CHANOINESSE

nay ? Il ne veut surtout pas de chaînes, et s’il permet qu’on l’aime, il réserve toute son indépendance. »

Oui, il n’avait jamais aimé jusqu’à ce jour. Seuls, des caprices avaient passé dans sa vie, en ne lui laissant qu’un souvenir indifférent, un peu dédaigneux… Car Sari, là encore, avait bien deviné : il méprisait les femmes qui les lui avaient inspirés, il les tenait en marge de sa pensée, où elles n’entraient que lorsqu’il le voulait bien.

Mais il s’agissait d’autre chose, maintenant. Seul en face de lui-même, il devait s’avouer qu’Élys avait produit sur lui une impression profonde, et très nouvelle. Cette beauté, ce charme candide avaient raison de son indifférence, du projet qu’il avait fait de ne pas se marier avant quatre ou cinq ans. Elle valait bien la peine qu’on se mît un peu plus tôt dans les liens de l’hymen, cette délicieuse chanoinesse !

La grande question était l’opposition de la tante. Mais M. de Chancenay jugeait inadmissible que, de son propre chef, Mme de Prexeuil condamnât sa petite-nièce au célibat. Il serait peut-être dur de lui faire changer d’avis ; néanmoins, Ogier se sentait assez de volonté pour y parvenir, surtout si Élys l’aidait, en agissant de son côté sur la vieille dame.