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LA PETITE CHANOINESSE

Elle ouvrit le battant d’une porte, et s’effaça. M. de Chancenay entra dans le salon aux rideaux clos, éclairé par les cierges qui entouraient le cercueil drapé de noir, sur lequel se fanaient des fleurs sans parfum. Dans un fauteuil, une femme, assise, égrenait son chapelet. Elle leva son visage un peu mat, jeune encore, aux yeux tranquilles, et répondit par une inclinaison de tête au salut de l’arrivant.

Ogier jeta l’eau bénite sur le cercueil, et demeura un moment debout dans une attitude respectueuse. Du coin de l’œil, il regardait l’inconnue. Les yeux baissés, elle continuait de faire glisser entre ses doigts les grains d’ivoire. Ses cheveux bruns formaient sur son front deux bandeaux bien lisses. Elle était vêtue d’une robe noire, très simple ; mais un large ruban de faille bleu de roi tombait sur son corsage, supportant une croix d’or émaillé.

M. de Chancenay songea : « Célestin m’a parlé de trois chanoinesses. Cette personne en est une, évidemment… Et sans doute aussi une de ces amies de la défunte, nommées par le curé. »

Il s’attendait à ce que l’inconnue lui adressât la parole. Mais elle continuait de prier, les paupières toujours baissées. Alors M. de Chancenay