Page:Delly - La Petite Chanoinesse.pdf/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
LA PETITE CHANOINESSE

ment résignée, elle voyait venir la mort avec sérénité… Un après-midi, à Élys qui ne la quittait guère, elle dit, en enveloppant la jeune femme d’un regard d’affection profonde :

— J’aurais aimé à voir ton petit enfant, ma fille chérie. Mais Dieu ne le permet pas. Que sa volonté soit faite ! C’est un sacrifice que je lui offre en expiation de mon orgueil.

— Oh ! tante Antoinette !

La jeune femme se penchait et baisait longuement le front jauni.

Mme de Prexeuil murmura :

— Ma pauvre petite, je t’ai fait souffrir ?… Mais vraiment, je croyais agir pour ton bien… Et je ne suis pas sûre, du reste, de n’avoir pas eu raison, à ce moment-là. Mais maintenant, tu as en lui un véritable appui, une affection forte et fidèle. Tu peux être fière de ton mari, ma fille, et moi je te laisse à lui en toute confiance. Vivez dans l’union, dans le devoir, dans la simplicité compatible avec votre position. Moi, de là-haut, je prierai pour vous et pour vos enfants.

La vieille dame s’éteignit doucement, un matin. Élys et Ogier accompagnèrent son corps, transporté à Gouxy, où il fut déposé dans le caveau familial. Une quinzaine de jours, ils demeurèrent au Pré-Béni, avec Mme Bathilde