Page:Delly - La Petite Chanoinesse.pdf/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
266
LA PETITE CHANOINESSE

— Oui, c’est évident. Elle est une fieffée coquette, en outre fort rusée… Quant à Mme Doucza, j’avais eu, très peu de temps avant la guerre, l’intuition du rôle qu’elle remplissait. Il est vraiment dommage qu’elles aient pu s’échapper ! Je crois que la prise n’aurait pas été mauvaise… Mais Pardeuil, qu’est-ce qu’il fait, dans tout cela ?

— Eh bien, Pardeuil était au mieux avec cette Mme Doucza, et — beaucoup plus par sottise que sciemment, j’en suis persuadé, connaissant le personnage — lui servait d’intermédiaire près des gens dont elle désirait obtenir des renseignements intéressants. Il paraît qu’il est tout à fait ahuri de l’aventure, et ne sait trop comment démontrer sa bonne foi, qui, je le répète, ne fait guère de doute pour moi.

— Je suis de votre avis. C’est un imbécile, un gros benêt, comme l’appelait mon pauvre cousin William Horne qui se plaisait parfois à lui faire débiter quelque stupéfiante sottise. Avec cela, très vaniteux — donc, excellent instrument pour une femme adroite comme celle-là… Au fond, quelle était sa véritable nationalité ? L’a-t-on su ?

— Mais allemande, monsieur, allemande ! Son père était naturalisé, ce qui ne l’a pas empêché d’élever ses enfants dans la haine de la France… Car la dame a des frères et sœurs,