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LA PETITE CHANOINESSE

— Pourvu qu’il soit temps encore ! murmurait-elle. Pourvu qu’on ne m’ait pas signalée !

Avant de partir, elle brûla soigneusement quelques papiers couverts de notes, et en dispersa les cendres au dehors.

Puis elle alla dire un rapide au revoir aux dames Bignard, à quelques infirmières, et monta dans l’omnibus qui allait la conduire à la gare.

Quand elle fut sur le quai, en attendant le train, elle essaya de calmer sa nervosité. Mais la présence de deux gendarmes semblait lui être particulièrement désagréable, car elle se tenait du côté opposé à celui où ils se trouvaient, et leur tournait le dos.

Enfin, le train arriva. Sari monta dans un compartiment de seconde qui était vide et s’y installa, tout au bout, afin d’éviter que quelqu’un de connaissance l’aperçût et vînt l’y rejoindre.

Dans l’état d’inquiétude qui était le sien, entretenir une conversation lui aurait semblé chose impossible.

Au bout de dix minutes, le train se remit en marche, et Sari poussa un soupir de soulagement… Mais elle pensait en même temps : « Ce n’est pas fini… Jusqu’à la frontière, j’ai à craindre… »

La voie, en quittant la gare d’Ursau, longeait