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LA PETITE CHANOINESSE

Après un court silence, il ajouta, une flamme dans le regard :

— J’aurais pourtant voulu continuer de servir mon pays !

— Vous l’avez magnifiquement servi déjà, Ogier ! Maintenant, vous le ferez d’autre manière, voilà tout.

— Oui, ma chère Élys, car je ne serai plus l’être inutile d’autrefois, soyez-en sûre !… Et j’ai vu de près combien, cependant, il y a une belle mission à remplir — belle et difficile — près de ces hommes au cerveau fruste, aux idées faussées, mais dont l’âme contient encore de bonnes vertus familiales et quelque reflet de la religion qu’on leur enseigna, pour certains, ou, chez d’autres, un désir latent, instinctif, de quelque chose de plus haut, de plus consolant que le hasard, le destin, le néant et autres coquilles creuses de ce genre.

Cette promesse d’Ogier, au sujet de ses tantes, enlevait à Élys un gros souci. L’avant-veille, après que Mme Antoinette était venue lui demander : « Serais-tu disposée à épouser M. de Chancenay infirme ? » et que, stupéfaite et tremblante d’une joie encore incrédule, elle avait répondu spontanément : « Oh ! oui, plus que jamais ! » une objection s’était présentée aussi-