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LA PETITE CHANOINESSE

— Je le sais bien, que ce sera difficile !… Et maintenant surtout, avec ce que je soupçonne !

Elle suivait un étroit sentier, au bord d’un talus gazonné dévalant par une pente douce vers le gave d’un beau vert étincelant, qui s’en allait en bouillonnant un peu au passage de grosses roches plates, blanchies et polies à l’incessant contact de cette eau courante. Des arbres penchaient vers l’onde fuyante leurs branches dont un vent léger soulevait les feuillages… Et Sari, tout à coup, s’immobilisa, un éclair de joie dans les yeux…

Sur la berge gazonnée, un officier se tenait assis, un livre à la main. D’un coup d’œil, Mlle Doucza l’avait reconnu. Avec une souplesse de chèvre, elle bondit sur le talus, qu’elle descendit en quelques secondes, et se trouva près d’Ogier avant qu’il eût pu faire un mouvement.

— Eh bien, on ne s’occupe plus de cette petite Sari, qu’on trouvait si gentille autrefois ?

Elle se laissait tomber sur l’herbe et penchait vers Ogier sa tête rousse, avec le plus tendre des regards.

Mais l’officier, l’écartant avec un geste d’impatience irritée, se mit debout, très vivement, et abaissa vers elle son regard dédaigneux, en ripostant :

— Veuillez m’épargner les rappels d’un temps