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LA PETITE CHANOINESSE

— Comment le savez-vous, Chancenay ?

— Parce que c’est moi qu’elle aime.

— Vous ?… vous ?… Alors vous la connaissiez avant ?…

— Oui… Voici notre histoire en deux mots. Mme de Prexeuil m’a refusé la main de sa petite-nièce, parce que — non sans raison d’ailleurs, je le reconnais — elle me jugeait trop mauvais diable pour faire le bonheur de cette enfant. Depuis lors, nous ne nous étions pas revus.

— Ah ! bon, bon !… Vous faites bien de me prévenir, Chancenay, car il est inutile que je laisse courir mon imagination… et se prendre mon cœur.

— Je n’ai pas besoin de vous recommander le secret au sujet de cette confidence ?

— Certes non !… Mais maintenant, elle n’aura plus de motif pour maintenir son refus, cette tante sévère ?

— En effet… Mais moi, je ne puis renouveler ma demande, car je n’oublie pas que je suis infirme…

— Oh ! un infirme comme vous !… D’ailleurs, puisque Mlle de Valromée vous aime… Mais enfin, je comprends très bien votre scrupule ; il faudrait que la jeune fille, elle-même, vous fît comprendre que son intention n’a pas changé.