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LA PETITE CHANOINESSE

cenay, dont Mme de Baillans et Gabrielle semblaient si ridiculement entichées ?… Il était converti, prétendait-on… Savoir ! Son neveu Jacques n’avait-il pas feint aussi de devenir un petit saint, au moment de son mariage ?

L’orgueil, il faut le dire, entrait pour une large part dans les sentiments d’hostilité de Mme Antoinette à l’égard d’Ogier. La pensée d’une capitulation, du triomphe de cet homme à qui, autrefois, elle avait si énergiquement refusé sa petite-nièce, lui était fort dure, et elle l’éloignait de toutes ses forces.

Ses cousines, habilement, continuaient leur petit travail de préparation. Il fallait avancer avec précaution, étant donnée cette nature autoritaire, facilement partiale, parce que trop passionnée dans ses idées. Mais Gabrielle disait à sa mère :

— Son affection pour Élys la fera fléchir. Oui, c’est par là seulement que nous la tiendrons.

Un après-midi que la jeune femme n’avait pu sortir, Élys emmena Thérèse et Lucie pour une courte promenade dans les environs immédiats. Tandis que la petite Lucette donnait sagement la main à sa grande cousine, l’aînée, une turbulente fillette de six ans, exubérante de vie, courait de-ci de-là, suivie d’un jeune chien des Pyrénées