Page:Delly - La Petite Chanoinesse.pdf/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
192
LA PETITE CHANOINESSE

Élys ! disait Mme de Baillans à sa fille. Elle a quelque chose qui la tracasse… Son amour pour M. de Chancenay, sans doute ? Mais en admettant qu’il ait réchappé de ses blessures, jamais Antoinette ne voudra démordre de sa prévention !

— Les renseignements qu’on vous a donnés, maman, n’étaient pas absolument parfaits, convenez-en ?

— Non, non… Mais il a pu changer, depuis lors… Les épreuves, la mort sans cesse menaçante…

— Oui, pour certaines natures. D’autres n’en éprouvent qu’un effet superficiel… Mais vous avez raison, il y a un obstacle moral à la complète guérison d’Élys. Malheureusement, s’il est celui que nous pensons, nous n’y pouvons rien.

— Moi, à la place d’Antoinette, au lieu de m’obstiner à ne pas la marier, je lui ferais connaître au contraire des jeunes gens sérieux — oh ! il y en a, tout de même, quoi qu’elle en dise ! — afin de tâcher qu’elle oublie ce M. de Chancenay.

Mme Jarmans secoua la tête.

— Élys n’a pas une nature à oublier. Elle est de celles qui, difficilement, donnent leur cœur deux fois, j’en suis persuadée. En outre, la pensée