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XIII


Dans le paisible petit pays de Gouxy, l’annonce de la guerre, la mobilisation avaient comme partout jeté l’angoisse et l’émoi. Ils étaient partis, les jeunes hommes, courageux et pleins d’espoir. L’abbé Dambry, appelé comme brancardier, quittait son humble paroisse où ne restaient guère que des vieillards, des femmes et des enfants. À ceux-ci incombait le devoir de recueillir la récolte, pour sauver le pain de la France. Et ils s’y mettaient déjà, vaillamment, dans la chaude lumière de ces longs jours d’été qui, vers nos frontières, éclairaient tant de spectacles d’horreur.

À Prexeuil, Mme Antoinette, de race lorraine par sa mère, frémissait d’un ardent espoir à la pensée que Metz redeviendrait française. Mme Bathilde, pessimiste, se réconfortait en de ferventes oraisons. Élys pensait à la France menacée, la douce France si chère, aux soldats enlevés à leurs foyers pour lui faire de leurs corps un rempart —