Page:Delly - La Petite Chanoinesse.pdf/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
170
LA PETITE CHANOINESSE

court à ces relations qui, tout à coup, lui déplaisaient profondément. Un instinct venait de l’avertir que la belle veuve et sa fille — celle-ci consciemment ou non — jouaient le rôle de piège… Dans quel but ? Il songeait : « Espionnage, peut-être ? Nous sommes infestés de cette race-là… Mais en ce cas, je ferais peut-être mieux de continuer à les voir, pour me rendre compte et essayer de les dévoiler ? »

Puis, en levant les épaules, il murmura :

« À quoi bon ? En admettant que j’aie vu juste, elles ne seront pas plus inquiétées que d’autres, dont on tolère bénévolement — quand on ne les protège pas — les louches agissements. »



Dix jours plus tard, Ogier, dans sa tenue de sous-lieutenant de dragons, prenait congé de ses grands-parents, le deuxième jour de la mobilisation. Il s’en allait avec une sorte de joie triomphante, comme à une fête. La bravoure héréditaire des Chancenay, leur goût des armes, des glorieuses aventures de la guerre s’agitaient en lui, chassaient l’indolence de l’esprit et du cœur, fruit de sa vie d’élégant oisif et d’homme trop