Page:Delly - La Petite Chanoinesse.pdf/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
LA PETITE CHANOINESSE

canot du yacht s’en éloignait lentement, dans la lumière du couchant qui faisait jaillir de ses cuivres des étincelles, et enveloppait de sa clarté chaude encore les deux jeunes gens assis à l’arrière.

Sari avait retiré son chapeau, qui reposait sur ses genoux. Le soleil caressait librement ses cheveux blonds, un peu roux, moussant en gros bandeaux qui laissaient à peine voir un fin visage au teint frais, et des yeux gris foncé, très expressifs, en ce moment tout occupés de M. de Chancenay… Elle était vraiment jolie, cette petite cosmopolite. Avec cela, très visiblement amoureuse du séduisant gentilhomme assis près d’elle, ce bel Ogier de Chancenay dont les mondaines les plus en vue se disputaient l’attention… « Trop visiblement », chuchotait à l’oreille de William Horne M. de Pardeuil, qui jalousait son hôte.

L’Anglais eut un mouvement d’épaules, en ripostant avec quelque dédain :

— Oh ! elle a fini de se compromettre depuis longtemps !… Un peu plus, un peu moins !…

Mme Doucza, tout en s’éventant, dirigeait un regard intéressé vers les occupants du canot. Dans la lumière se dessinaient la svelte silhouette de M. de Chancenay, son visage aux traits fermes, au front un peu altier. Un pli de contrariété