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Mais Ogier pensait, avec une inquiète impatience : « Pourvu qu’elle soit seule ! »

Près d’une demi-heure passa… Puis, au bout d’une allée, se dessina une silhouette de femme, vêtue de gris, un ruban bleu de roi tranchant sur le corsage à plis, sans garnitures.

C’était Élys. Elle avançait d’un pas léger, en balançant un grand panier. Le soleil faisait chatoyer ses cheveux aux doux reflets satinés, projetait une clarté chaude sur le teint délicat, sur les yeux songeurs et tristes.

Derrière elle s’avançait une servante, portant une échelle et un second panier. Puis, fermant la marche, un chat venait, à pas lents, soigneux, en faisant onduler son corps souple.

Près du poirier, les deux femmes s’arrêtèrent, et la servante, ayant dressé l’échelle, y monta pour cueillir les fruits haut placés. Un panier s’en trouva rempli, en peu de temps. Élys, qui tenait l’échelle et surveillait l’opération, dit alors :

— Retournez maintenant, Marie-Louise ; je me charge du reste, qui se trouve à ma hauteur.

La servante s’éloigna, emportant le panier plein. Élys, avec des gestes soigneux, continua la cueillette. Comme elle levait la main pour atteindre une poire, un bruit de pas la fit se