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LA PETITE CHANOINESSE

— Pourquoi ?

— Cet homme n’est pas digne de toi, mon enfant.

— Comment le savez-vous ?

— J’en avais l’impression… Et lui-même l’a implicitement reconnu.

Élys pâlit davantage, et baissa lentement les paupières sur le regard où passait une lueur de souffrance.

Il y eut un long silence… Puis Mme de Prexeuil posa, d’un geste volontaire, ses doigts noués par les rhumatismes sur la main glacée de la jeune fille.

— Écoute-moi encore, Élys… Je ne voulais pas traiter cette question avant deux ou trois ans, mais puisqu’il le faut, parlons-en aujourd’hui…

Élys ne bougea pas, ne releva pas les paupières…

La chanoinesse poursuivit :

— Je suis âgée, je puis être rappelée à Dieu d’un moment à l’autre. Tu resteras donc seule avec ta tante Bathilde. Celle-ci est faible, incapable de te guider. Or, je voudrais t’assurer contre les surprises de ton imagination, contre les entraînements de ton cœur… Élys, ta mère, ta grand’mère ont eu dans le mariage la plus douloureuse existence. Je les ai vues tant souffrir