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LA PETITE CHANOINESSE

par des hommes au teint brun qui saluaient au passage les étrangers. Elles allaient s’amarrer le long du port, où les femmes aux cheveux sombres à moitié couverts d’un fichu écarlate se tenaient prêtes à enlever le produit de la pêche. Et des enfants aussi bruns que père et mère couraient, se poursuivaient, nu-pieds, en jetant des cris aigus, ainsi que les corneilles aux soirs d’été.

William Horne, un jeune Anglais à la physionomie intelligente et fine, dit à son voisin, le gros baron de Pardeuil :

— Joli, hein, ce village ?

L’autre avança la lèvre, en une lippe qu’il croyait sans doute du plus agréable effet.

— Joli ?… Peuh ! Tout cela se ressemble !… Moi, vous savez, la nature…

Et il fit claquer ses doigts.

William retint un sourire narquois, en demandant :

— Alors, comment avez-vous accepté l’invitation de Chancenay pour cette croisière ? Vous devez vous ennuyer terriblement, si la vue de ces charmants paysages ne vous dit rien ?

— Mais non, mais non, je ne m’ennuie pas ! On mange admirablement, chez M. de Chancenay ! Il a pour chef un véritable artiste !… Et