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LA PETITE CHANOINESSE

motifs de mon refus, au cas où je jugerais utile de lui apprendre votre démarche… Mais, au fait, vous lui avez peut-être parlé déjà ?

— Oui, madame, j’ai fait connaître ce matin à Mlle Élys — oh ! de façon très correcte, rassurez-vous ! — les sentiments qu’elle m’inspire et mon vif désir de la voir devenir ma femme.

Un éclair de contrariété passa dans le regard de la chanoinesse.

— Ah ! vraiment !… Et elle ne m’en a rien dit… Vous avez cherché à la circonvenir, à prendre ce pauvre petit cœur de jeune fille, pour vous en faire un allié près de moi ? Eh bien, monsieur, vos calculs seront déçus. Ne comptez pas que jamais je revienne sur mon refus, quelle que soit l’impression que vous ayez produite sur ma petite-nièce.

— En ce cas, madame, je n’ai qu’à me retirer, en vous priant d’agréer tous mes regrets de vous avoir ainsi dérangée.

Il prit congé, courtois jusqu’au bout, bien que son âme bouillonnât d’irritation.

Quand il eut disparu, Mme de Prexeuil se leva, et demeura un moment immobile, le visage contracté par l’anxiété. Puis, d’un pas lourd, elle sortit du salon, monta l’escalier de pierre, entra dans la chambre d’Élys.