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LA PETITE CHANOINESSE

l’aime très sincèrement, très profondément…

— « Ils » disaient la même chose, avant le mariage. Je connais cela, monsieur… J’ai l’expérience, une dure expérience personnelle. Voilà pourquoi je ne veux pas qu’Élys affronte les aléas de cette terrible aventure qu’est le mariage. Oui, il y a de bons ménages, je ne puis le nier, mais il s’est trouvé qu’en ces dernières générations, notre famille a été fort mal partagée sous ce rapport. J’ai vu souffrir ma mère, j’ai souffert moi-même… Et après cela ma jeune sœur, puis la femme de mon neveu… Non, monsieur, c’est assez ! Je veux préserver ma petite Élys d’un tel sort, comme je l’ai fait déjà pour ma nièce Bathilde. Si elle suit mes conseils, elle ne se mariera pas ; mais en tout cas, jamais je ne la donnerais, ma virginale petite fille, à l’homme que vous devez être.

Ogier se leva, en disant d’une voix qui frémissait de colère contenue :

— J’espère que vous réfléchirez, madame, avant de maintenir cette décision ?… Mlle de Valromée a, d’ailleurs, quelque voix au chapitre. C’est son avenir que vous engagez ainsi…

— J’en prends toute la responsabilité. Ne gardez aucun espoir, monsieur. Élys est sérieuse, pleine de bon sens, elle comprendra fort bien les